Lettre N°24

J’ai tendance, comme d’autres, à oublier un peu Dieu quand tout va bien, alors qu’Il est dans tous les moments de joie, de bonheur et de réussite, plus visible mais peut-être aussi plus discret. Et, alors que le ciel s’est quelque peu assombri ces derniers mois, il m’est plus facile de croire en Dieu, de me soumettre à Sa volonté, et de m’abandonner en toute confiance dans l’espérance. Peut-être parce que les choix que m’offre cette situation sont limités, certes, mais je persiste à croire que Paloma va guérir, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, et que la foi et l’amour n’y seront pas étrangers.

Je ne crois pas que tout ce qui nous arrive dans la vie soit forcément porteur d’un message plus ou moins explicite. L’ordre dans lequel tombent les fruits d’un arbre à l’automne ont droit à une part de hasard. Mais que ce soit destin ou coïncidence, il nous appartient de donner un sens à un événement fortuit, d’en faire quelque chose de bien, de bon et de positif. L’extraordinaire mouvement de solidarité autour de Paloma est déjà un premier signe.

Son état physique a continué à se dégrader ces dernières semaines, elle parle avec difficulté, n’est plus capable de marcher, est très ralentie dans ses gestes comme dans son débit de parole et ressemble à un petit oiseau à bout de souffle qui se demande si l’hiver finira jamais… La radiothérapie l’angoisse terriblement et l’y amener chaque matin est une bataille physique et morale pour sa mère et moi. L’équipe d’infirmiers qui se relaie autour d’elle montre un dévouement et une sollicitude extrême et prend tout le temps nécessaire pour l’accompagner dans cette épreuve. Vos actions multiples et vos prières de toutes parts nous enveloppent et nous sont plus que jamais précieuses. Soyez-en remerciés. Pardon encore une fois pour ces paroles collectives mais nous lisons chacun de vos messages et suivons tout ce que vous faites pour notre fille même s’il ne nous est pas toujours possible de vous le dire personnellement, individuellement. C’est l’un des sacrifices inattendus de cette maladie.
Je me suis parfois demandé, à la lecture d’un conte, quel pouvoir, – s’il m’en était offert un par quelque fée égarée,- je souhaiterais et pour quel usage. Le don d’invisibilité a ses avantages, l’argent achète bien quelques amitiés… mais aujourd’hui, sans aucun doute, c’est du temps que je souhaiterais acheter. Devenir maître du temps, ou pour le moins du mien, pour profiter de temps de qualité entouré de ceux qui me sont chers. Quel que soit notre destin, nous n’avons que peu de temps, tâchons de ne pas le gâcher. Gardez-en juste un peu pour vous souvenir du combat inhumain que livre Paloma et qui demande une force surhumaine. Que vos prières, vos pensées, la portent et permettent à ce nouveau cycle de radiothérapie de lui être profitable afin d’envisager au plus vite un nouveau traitement parmi les rares options qui lui restent.

À bientôt,

Oscar/Henri-Christian
A fide sanatio

PS : j’avais promis de bonnes nouvelles : l’hospitalisation à domicile va se mettre en place dans la semaine pour accompagner Paloma ; Paloma a reçu aujourd’hui une lettre de ses camarades de classe de neige ; vous êtes nombreux à participer à la neuvaine pour Paloma ; le Paloma run de dimanche dernier à Villenave fut un franc succès… Et tout cela n’est qu’un début !