L’état de Paloma s’est encore dégradé : elle a énormément de mal à comprendre ce qu’on lui dit, et ce qu’elle dit elle-même nous demande un effort considérable et souvent vain. Sa vue étant très mauvaise, lire ou écrire n’est pas non plus possible. En plus de son extrême fatigue, et de ses endormissements en journée, elle passe par des moments de conscience altérée où elle parle de choses sans aucun sens ou dénuées de tout contexte. Elle ne semble pas garder le souvenir de ces moments. À d’autres moments, elle est très lucide, demande à voir moins d’infirmières tout en songeant à aller s’installer à l’hôpital et nous dit que manger et parler l’épuisent.
Bien sûr, je suis inquiet, mais je n’ai pas peur. Et s’il est vrai que son état est de plus en plus végétatif, c’est parce qu’elle puisse des forces et se régénère dans son sommeil. Or, Paloma n’est pas une rose, c’est un chêne, et contrairement au vers célèbre de Malherbe écrit à la mort de la petite Rosette : “Et Rose, elle a vécu ce que vivent les roses”, Paloma est un chêne, et chêne, elle vivra ce que vivent les chênes : une longue vie non exempte de souffrance certes, (demandez à Brassens) mais une longue vie !
Mais parce que malheureusement, je peux me tromper, et parce que nous vivons dans une société tellement rationnelle où les médecins ne s’intéressent qu’aux statistiques et aux probabilités – l’un d’eux a tenu bon de m’alerter qu’avec mes croyances, j’allais tomber de haut, un autre qu’on ne la sauverait pas, un troisième, où nous souhaitions qu’elle vive ses derniers moment entre l’hôpital et la maison –, je tiens à rassurer et à apaiser Paloma face à la possibilité de mourir. Alors, je tente de mon mieux de la tranquilliser, elle qui a peur d’être seule dans la mort et nous demande à sa mère ou à moi de la rejoindre (voire de la précéder). Elle me demandait vendredi dernier si j’accepterais de mourir pour la rejoindre si elle me le demandait dans un rêve, je lui ai suggéré qu’elle en parle à Dieu et qu’il prenne la décision, cette solution a semblé lui convenir… Mais je continue à croire que Paloma bénéficie d’une protection de la Vierge et de sainte Marie-Eugénie, fondatrice de la congrégation des religieuses de l’Assomption, et que son destin est de guérir et de porter l’espérance quand il n’y a plus d’espoir.
En outre, à travers les messages qui me parviennent, je constate que, par sa foi et son acceptation de la maladie, elle touche beaucoup de personnes et les aident dans leur vie.
C’est pourquoi il nous a semblé naturel, à sa mère et à moi, de lui parler du sacrement de confirmation pour qu’elle en fasse la demande à son évêque. Cette demande est un peu particulière mais nous semble pleinement justifiée dans sa situation et ne peut que l’aider à affronter toutes ses difficultés avec l’aide de l’Esprit Saint et Paloma s’y est montrée très favorable. Malheureusement, cette demande a été refusée par le curé de notre paroisse qui l’avait préparée à sa première communion l’année dernière, jugeant que c’était lui demander trop d’efforts, aussi n’a-t-il pas souhaité transmettre la demande de Paloma à Mgr Ricard, archevêque de Bordeaux. Bien que très attristé par cette décision, je ne peux que m’y soumettre. Puisse Paloma puiser en elle les forces nécessaires dans sa profonde volonté et sa foi et vos prières fidèles l’accompagner pour qu’elle n’ait pas le sentiment d’être abandonnée.
A fide sanatio.
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