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Lettre n°27

Il serait sans doute plus raisonnable de ne pas nourrir de faux espoirs, plus digne d’accepter la réalité des traitements qui échouent les uns après les autres, et d’une tumeur qui applique à la perfection son plan mortifère, il serait sans doute plus juste de ne pas avoir la prétention de penser que Paloma peut vaincre un cancer à ce jour invaincu, plus simple d’arrêter de s’accrocher… Et pourtant, jusqu’à son dernier souffle, je ne cesserai d’y croire.
En octobre dernier, nous sommes allés implorer Notre-Dame de Lourdes d’intercéder pour Paloma et nous reviendrons chaque année renouveler notre prière.
Rien n’a changé depuis le premier jour.
Il y a eu ces moments de janvier et février où elle portait à son cou le couteau de son dîner ou tentait d’ouvrir la portière de la voiture en marche en disant qu’elle voulait mourir, ceux où, amusée par sa jambe qui tremble, elle y mettait Pati en chantant : “à dada cheval, à pied bourguignon…”, ceux encore à l’aéroport où elle s’exclamait dans l’ascenseur réservé à l’assistance des personnes handicapées : “maintenant que je m’y suis habituée, cela me manquera quand je serai guérie !” C’est avec toutes ces contradictions de sa nature humaine qu’il nous faut cohabiter sans bien savoir comment réagir à ses changements d’humeur…
Fin février, nous avons fait une magnifique croisière en Méditerranée qui nous a permis de nous ressourcer et a fait un bien fou à Paloma.
Après avoir passé plus d’un mois, depuis notre retour de Londres, de mi-janvier à début mars à dire qu’elle ne supportait pas de ne plus pouvoir ni marcher, ni écrire, ni dessiner et préférait mourir que de continuer à vivre ainsi, l’arrivée du 12 mars l’a terrifiée et elle a dit soudainement sa peur de mourir. Elle a commencé à exprimer sa peur de ne pas guérir et son souhait que quelqu’un l’accompagne pour ne pas être seule, mais aussi la peur qu’on l’oublie et elle nous a demandé de continuer à fêter son anniversaire après sa mort. C’est elle qui a demandé que l’on célèbre une messe pour elle le 12 mars, et ce sont finalement quatre messes qui ont été célébrées à son attention ce jour-là.
Ma dernière lettre date du 20 février. Depuis, nous étions dans l’attente du prochain traitement et grâce à vos dons, et toujours sous contrôle médical, nous avons pu obtenir des médicaments non disponibles en France et susceptibles de ralentir le développement de sa tumeur.
Le 11 mars, nous avons eu la première IRM depuis début janvier. Le 12, vous avez allumé des centaines de bougies un peu partout dans le monde pour nous rappeler que vous étiez avec nous, à chaque instant.
Et puis, mercredi 13, nous avons eu rendez-vous au CHU de Bordeaux pour les résultats de l’IRM ; les médecins se sont montrés plus pessimistes que jamais : la tumeur a progressé en dépit de la radiothérapie, elle grossit de toutes parts rendant sa santé de plus en plus précaire et ils n’ont rien à proposer pour endiguer cette progression.
Pourtant, son énergie vitale remonte depuis quelques jours : elle rit et s’amuse, elle a commencé à fabriquer des savons et recommence à faire des Lego ; pour sa plus grande joie, son maître d’école vient lui faire classe à la maison et renouer le lien avec ses camarades de classe qui lui manquent tant.
Contrairement à ce qu’indique l’imagerie par résonance magnétique, son état clinique est stable. D’après ses médecins, le manque de symptômes, la bonne humeur de Paloma et le fait qu’elle rie et s’amuse encore à ce stade, seraient dus à notre énergie et à l’optimisme que nous affichons, mais n’enlèvent rien à la réalité.
Et s’il y avait plus que cela ? Si nos prières, nos bougies, notre volonté de croire en elle, lui donnaient l’énergie nécessaire à inverser le processus et à avancer dans la guérison ? si elle n’avait pas un mais des centaines d’anges gardiens à veiller sur elle comme vous le faites si bien ? Aujourd’hui, Paloma exprime clairement sa volonté de guérir, son hyperphagie a disparu, son sommeil n’est plus rythmé comme les semaines précédentes par des spasmes inconscients. Nous avons fait ensemble la liste des raisons de continuer à vivre et comptons faire de ces douze prochains mois une plus belle année que la précédente. Grâce à la communauté I have a dream et à l’association “Les Amis du Liban”, cela commence dès ce vendredi 15 par une rencontre privilégiée avec le chanteur Soprano, nouveau coach de l’émission The Voice cette année !
À la psychologue venue nous rendre visite aujourd’hui et qui m’a demandé comment j’allais, j’ai répondu que je restais serein parce qu’il me semble que la foi ne consiste pas seulement à croire quand tout va bien mais précisément dans l’adversité. Il y a bien des cas, rares, certes, où la tumeur s’immobilise soudain, d’autres où elle disparaît complètement sans qu’aucun médecin ne puisse en expliquer la raison. Nous savons que les miracles arrivent. Un chauffeur londonien de confession musulmane m’avait dit cet hiver : “quand vous péchez, Dieu ne vous punit pas immédiatement. Quand vous priez, n’attendez pas qu’il vous exauce aussitôt, cela ne veut pas dire qu’il ne vous entend pas ; persistez dans votre prière.”
N’éteignez pas votre flamme, continuez à nous accompagner par la prière, par vos messages ou vos visites, vos appels, tous aussi précieux les uns que les autres, même si nous n’y répondons pas toujours, et continuez à allumer des bougies pour Paloma.
À bientôt.
Henri-Christian/Oscar
A fide sanatio

2 commentaires

  • Ottenwaelter Marie Madeleine mars 15, 2019 - 11:22

    Bonjour ,
    Je suis sure que les archanges St Michel et St Gabriel sont a vos cotés et portent dans leurs bras Paloma sur votre chemin escarpé . Votre Foi est solide et vous porte vers l’espérance de jours meilleurs !
    j’ai été émue par le rayonnement de Paloma dans le monde entier ! quel merveilleux élan de soutien !
    que cette flamme ne s’éteigne pas !!
    je vous embrasse ainsi que les amies de Ste Jeanne Mado

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  • Micky mars 26, 2019 - 5:45

    Espérance

    Le front penché sur la terre
    J’allais seul et soucieux,
    Quand résonna la voix claire
    D’un petit oiseau joyeux
    Il disait : « Reprends courage,
    L’espérance est un trésor
    Même le plus noir nuage
    A toujours sa frange d’or.

    Lorsque le soir se fait sombre
    J’entends le petit oiseau
    Gazouiller là-haut, dans l’ombre
    Sur la branche au bord de l’eau.
    Il me dit : « Reprends courage,
    L’espérance est un trésor,
    Même le plus noir nuage
    A toujours sa frange d’or.

    Mais il partit vers le Père
    Et jamais ne le revis.
    Je me penchai sur la terre
    Et la contemplai, ravi.
    Car il n’est que l’espérance
    Pour animer notre cœur
    Qui de nos plus noires souffrances
    Sait toujours être vainqueur.

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